Quand les DSSR et l’écologie se croisent : un même combat pour l’avenir
On associe rarement les Droits en Santé Sexuelle et Reproductive (DSSR) aux enjeux écologiques. Pourtant, climat, pollution et environnement conditionnent directement l’accès aux soins, l’autonomie reproductive et la dignité humaine. Aujourd’hui, penser les DSSR sans tenir compte des défis environnementaux, c’est oublier une partie essentielle du problème, car les crises écologiques fragilisent en effet ces droits fondamentaux.
Les catastrophes naturelles détruisent les infrastructures de santé, limitant l’accès à la contraception ou à un suivi médical sécurisé. La pollution et les agents toxiques qui dérèglent le système hormonal compromettent la fertilité, la santé maternelle et celle des nouveau-nés. Les migrations liées au climat accroissent les risques de violences sexuelles, de grossesses non désirées et d’accès réduit aux soins. Dans ce contexte, les inégalités de genre s’intensifient et l’autonomie des femmes est encore davantage menacée.
Ces constats font écho à plusieurs Objectifs de Développement Durable (ODD). L’ODD 6, relatif à l’eau propre et à l’assainissement, souligne par exemple l’importance d’un accès à l’eau potable et à des infrastructures d’hygiène, essentielles à la santé menstruelle et reproductive. L’ODD 13, qui vise la lutte contre les changements climatiques, rappelle que les catastrophes climatiques affectent en premier lieu les femmes et les filles, souvent privées de soins de base et exposées à de nouvelles vulnérabilités. Enfin, l’ODD 15, consacré à la vie terrestre, insiste sur la nécessité de préserver un environnement sain, car la santé des écosystèmes conditionne la santé humaine.
Pourtant, les DSSR peuvent aussi être un puissant levier de durabilité. Une femme qui peut choisir librement le moment et le nombre de ses grossesses a plus de chances de poursuivre ses études, de participer pleinement à l’économie et de contribuer à la résilience de sa communauté. L’éducation des filles et l’accès universel à la santé reproductive sont même reconnus comme des facteurs majeurs de lutte contre les impacts du changement climatique.
Des exemples concrets illustrent cette synergie entre droits et environnement. Les Organisations de Défense des Droits des Filles et des Femmes (ODDF) et les Organisations de Jeunes (OJ), dans leur démarche d’innovation, rappellent qu’agir pour l’environnement, c’est aussi agir pour les DSSR. L’AJEPEC, une ONG active dans la commune de Gogounou, a organisé la mise en terre de 150 plants dans les villages de Nassabara, Kangnan et Boro. Ce geste d’éco-citoyenneté illustre l’engagement des jeunes pour un cadre de vie plus sain, rejoignant ainsi l’ODD 15 et contribuant indirectement à la santé reproductive.
Dans le même esprit, une journée de salubrité a été initiée à Bomkaney, un village de la même commune, pour préserver un environnement propre. L’événement, soutenu par l’autorité communale, s’inscrit dans l’ODD 6 en soulignant le lien entre propreté, hygiène et santé sexuelle et reproductive. Ces actions, en apparence simples, traduisent une conviction forte : protéger l’environnement, c’est aussi protéger la dignité et la santé des communautés, en particulier celles des femmes et des filles. Elles démontrent concrètement comment les ODD environnementaux et les DSSR se renforcent mutuellement.
Il est temps d’aller plus loin et d’intégrer pleinement cette complémentarité dans les politiques publiques. Relier l’action climatique (ODD 13), la préservation de l’eau et de l’hygiène (ODD 6), la protection de la vie terrestre (ODD 15), la santé reproductive (ODD 3) et l’égalité de genre (ODD 5), c’est préparer des sociétés plus justes, plus résilientes et plus durables. Quand la planète souffre, les droits humains sont menacés. Quand on protège les DSSR, on protège aussi notre avenir commun.




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