Ligoté et exposé au soleil par son tuteur, pour un morceau d'igname grillé

Amadou est âgé de 07 ans environ et originaire de Kpindi-Kamala dans l’arrondissement de Sèmèrè II, commune de Ouaké. Ecolier en classe de CI (Cours Initial) à l’Ecole Primaire Publique (EPP) de Kpindi Kamala il est issue d’une famille de trois (03) enfants dont il est l’aîné.

L'état des plaies au moment des violences 

Les parents de Amadou sont séparés depuis 5 ans, donc, il était tout petit. À la suite de leurs différends, ils n’ont pas eu de clauses d’entent et chacun mène sa vie. Ils se sont refaits et Amadou vit avec sa maman et son nouveau conjoint. Mais il vit auprès de sa mère avec le nouveau mari de cette dernière. La famille vit des travaux champêtres. A un certain moment, le champ ne produisait pas bien, ce que ne procurait pas assez de bénéfices au nouveau foyer. Ce qui causait assez de soucis au nouveau papa (tuteur) de Amadou sur la prise en charge de sa famille jusqu’à une prochaine saison, comment assurer les besoins de sa famille. 

La prise en charge même de leurs besoins sur le plan sanitaire, alimentaire et scolaire étaient plus compliqué.

Les choses devenaient plus difficiles au foyer, au point où, le tuteur n’était plus capable d’assurer deux repas par jour. Un jour, Amadou, alors affamé a demandé à manger à son tuteur, qui lui a demandé de patienter un peu. Entre temps, le tuteur avait caché de l’igname dans un coin, dans le but d’en trouver et compléter, afin que cela fasse un repas pour la famille à son retour. Amadou, ne pouvant supporter la faim, a décidé, de prendre un morceau de l’igname, qu’il a grillé pour manger. Au retour du tuteur, pris de colère et sans contrôle, il a attaché Amadou, pieds et mains, et exposé au soleil comme une bête sauvage par son tuteur, jusqu’au soir. "Mon papa m'a ligoté et abandonné sous le soleil pendant toute la journée", se rappelle Amadou, les yeux chargés de larmes. 

Dans les mouvements de se sauver, car abandonné à son sort, Amadou, s’est blessé aux mains, ce qui lui coutera une malformation perceptible au niveau de sa main gauche, et lui laissera des cicatrices à vie.

Le lendemain de l’acte, Amadou a pu se rendre encore à l’école. Le Directeur de l’école ayant constaté son état l’a confié au CPS, qui à son tour a informé le commissariat de Sèmèrè. C’est à ce moment que le tuteur de Amadou s’est rendu compte de la véracité de son acte sur le petit garçon et s’est confondu en excuses, en pleurant tout le temps. C’est à croire qu’il était sous l’emprise de quelque chose. La maman également, ne s’en revenait pas.

Amadou se confiant

C’est alors que la famille de la maman de Amadou l’a amené pour les premiers soins. Les moyens faisant défaut, grâce à Ko-Hatchi, Amadou a été récupéré et a reçu des soins plus adéquats. Amadou est désormais pris en charge par le projet Ko-Hatchi qui lui paye sa formation.

Il faut rappeler que Amadou accompagnait uniquement les autres à l’école. Désormais, cette prise en charge de Ko-Hatchi permet à Amadou d’avoir un sac, des fournitures scolaires, un uniforme, des chaussures, et désormais, lui aussi va à l’école comme les autres enfants, et passe au Cour Préparatoire. Amadou vit maintenant en toute quiétude chez sa tante maternelle. Mais malheureusement, tout le restant de sa vie, Amadou, devra faire avec l'auriculaire de sa main gauche qui ne sera plus jamais droit. C'est une des séquelles qui restera grave dans la mémoire de Amadou, et restée perceptible par tous.  

« Je dis merci à PIED-ONG, CARE Benin/Togo et l'union européenne de m'avoir sauvé de cette tragédie. Je veux devenir docteur, afin de soigner à mon tour les enfants… » confie Amadou souriant d'espoir, que l'avenir promet être meilleur pour lui. 

Une vue des cicatrices laissant voir un doigt complètement déformé à Amadou

Le projet « Ko Hatchi  (Droits de l'enfant) », financé par l’Union européenne et mise en œuvre par CARE Benin/Togo et ses partenaires que sont les ONGs PIED et Equi-Filles, a pour objectif général de contribuer à l’épanouissement des filles et des garçons, par la promotion de leurs droits et l’amélioration de leurs conditions de vie dans le département de la Donga au Bénin. Le projet vise de manière spécifique, l’amélioration de la protection des filles et des garçons à travers la mobilisation des parties prenantes institutionnelles et de la société civile luttant contre la traite, l’exploitation économique et sexuelle et les autres formes de violences des droits des enfants dans les communes de Djougou et de Ouaké.